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Publication

Que veut le pêcheur?

2018
Systèmes alimentaires
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Malgré sa contribution aux moyens d’existence de plus de 300.000 individus, à la sécurité alimentaire et à la nutrition au Bénin, le secteur de la pêche reçoit peu d’attention de la recherche et des politiques. Une étude a été menée auprès de 1.066 petits pêcheurs continentaux (dont 227 femmes) pour mieux comprendre leurs activités, leur vulnérabilité, leur niveau de résilience et la règlementation qui régit le partage des ressources en eau.

L’insécurité alimentaire prédomine chez 32% des pêcheurs

En ce qui concerne les caractéristiques personnelles, 32% des pêcheurs ont connu une situation où il n'y avait pas de repas (5%) ou un seul repas (28%) pendant une journée ou plus dans le mois, avec les taux les plus élevés à Porto-Novo (12 et 64%, respectivement), suivis d'un grand groupe intermédiaire (Cotonou, Ganvie, Houedome, So-Ava, Vekky et Zoungame). Les pêcheurs sont également caractérisés par un taux élevé d'analphabétisme (environ 80%), ce qui limite les possibilités de travail; le pourcentage élevé de pêcheurs (58%) qui travaillent à l'extérieur du secteur sont principalement impliqués dans des activités à faible rémunération. Par conséquent, une partie substantielle de la communauté des pêcheurs est confrontée à l'insécurité alimentaire et aux possibilités limitées d'améliorer cette situation en trouvant d'autres emplois mieux rémunérés.

Les pêcheurs sont de vrais entrepreneurs

Les pêcheurs sont clairement des entrepreneurs qui investissent dans leurs propres techniques et outils. Malgré leur analphabétisme, la plupart sait comment s'adresser aux banques ou aux institutions de microfinancement et 55% sont en mesure d'obtenir un prêt. De plus, les propriétaires d'acadja (zone du lac où à l’aide de piquets de bois, est créé un habitat sûr et un lieu d’élevage pour les poissons) savent comment organiser la main-d'œuvre pour la récolte et ont de bonnes voies de communication vers les marchés.

La gestion communautaire des ressources en eau n’est pas efficace

Malgré des accords concrets entre pêcheurs, il y a un nombre élevé de conflits (34%). Dans 50% des conflits entre membres d’une même communauté, il y a eu une altercation violente où des membres de la communauté ont eu besoin de soins médicaux ou ont été tués. Des chiffres similaires ont été donnés pour des conflits avec des membres d'autres communautés. C'est une indication claire que la gestion des ressources de propriété commune ne fonctionne pas bien. En comparant les huit prérequis d'Ostrom pour un développement durable et équitable des ressource humaines avec la situation actuelle dans les lacs du Bénin, nous constatons que les conditions requises ne sont que partiellement remplies.

Avec 63% des pêcheurs indiquant qu'ils n'appartiennent pas à une association, alors que 20% appartiennent à un groupe informel, nous pouvons conclure que le degré d'organisation parmi les pêcheurs est faible. Il pourrait y avoir trois raisons: méfiance parmi les membres des communautés, perte de confiance dans les institutions gouvernementales, et contact éparse entre le bureau exécutif de la fédération nationale des pêcheurs et ses membres.

Recommandations

L’étude recommande la mise en place d’une plateforme bien établie où les pêcheurs peuvent exprimer leurs besoins en temps opportun, sont activement impliqués dans la formulation des politiques et reçoivent des retours réguliers de l'association concernant leurs propositions.

En outre, une telle plateforme devrait:

  • être représentative des pêcheurs impliqués;
  • être opérationnelle au niveau des lacs ;
  • utiliser les capacités techniques, matérielles et financières pour mettre en œuvre des mécanismes d'action concertée et ;
  • fournir des retours réguliers et opportuns à la communauté des pêcheurs.

Il est recommandé que le gouvernement libère des ressources et facilite ce processus transdisciplinaire en établissant une telle plateforme pour formaliser et faciliter le contact entre l'association des pêcheurs, ses membres et les autres parties prenantes.

Par ailleurs un soutien technique et financier est nécessaire pour développer les activités aquacoles ; financer les initiatives de renforcement de capacités, améliorer l'accès au crédit, et faciliter la fréquentation scolaire des enfants des pêcheurs.

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Un second rapport est en cours d’édition et aborde les perspectives des femmes impliquées dans les activités de pêche continentale.